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Suivez-les : au sortir de ces jeux magnifiques,
Ils iront affermer les latrines publiques.
Pourquoi non ? tout métier ne leur convient-il pas ?
Ne sont-ils pas de ceux que, du rang le plus bas,
Quand parfois des mortels la fortune se joue,
Elle porte en riant au plus haut de sa roue ?



Que deviendrais-je ici ! je ne suis point menteur.
Je ne sais ni louer un ridicule auteur,
Ni chercher dans Saturne un sinistre présage,
Ni des flancs d’un reptile extraire un noir breuvage,
Ni d’un père à son fils promettre le trépas,
Et, quand je le saurais, je ne le voudrais pas.
Qu’un autre, secondant une amour criminelle,
Porte un gage adultère à l’épouse fidèle,
On ne me verra point, trafiquant de l’honneur,
Servir dans ses projets un lâche suborneur.
Aussi, tel qu’un perclus, dont la main droite est morte,
D’aucun grand, quand il sort, je ne grossis l’escorte.
Quels clients de nos jours choisit-on pour amis ?
Ceux par qui l’on craindrait de se voir compromis :
Ceux qu’on a fait entrer dans quelque affreux mystère
Qui leur pèse toujours, qu’il leur faut toujours taire.
Mais d’un projet honnête on t’a fait confident ;
On ne craint de ta part, aucun mot imprudent ;
N’espère dans ce cas ni présents ni caresses.
L’intime de Verrès, l’objet de ses largesses,
C’est celui dont un mot pourrait perdre Verrès.
Ah ! s’il venait t’offrir ses coupables secrets,
Pour tout le sable d’or que le Tage en ses ondes,
Roule, sous des berceaux, au sein des mers profondes,
Garde-toi d’accepter cet honneur dangereux :
Tu ne dormirais plus : heureux, cent fois heureux,
Si d’un trouble inquiet son amitié suivie,
Avec tous ses présents ne t’arrachait la vie !
Ceux qui de nos Crésus savent se faire aimer,