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Chargent leur cou du poids de colliers somptueux,
Dans un ample réseau rassemblent leurs cheveux,
Et pensent, par le sang d’un animal immonde,
Par le vin épanché d’une coupe profonde,
De la mère des dieux désarmer la fureur ;
Mais la mère des dieux a leur culte en horreur.
Par une loi contraire au rit de Bérécinthe,
Ils ont osé bannir les femmes de l’enceinte.
Elles viendraient en vain y réclamer leurs droits.
Profanes, loin d’ici, leur crie à haute voix,
L’infâme qui préside à ces fêtes hideuses ;
Le temple est interdit aux voix de vos chanteuses.
Tels, dans l’ombre des nuits, sous des lambris obscurs,
Fatiguant Cotytto de leurs plaisirs impurs,
Les Baptes, autrefois, dans les remparts d’Athènes,
Célébraient aux flambeaux, leurs mystères obscènes.
L’un, avec des pinceaux légèrement noircis,
Se frotte, en clignotant, les yeux et les sourcils :
L’autre étale aux regards une robe azurée,
Ou d’un léger manteau l’étoffe bigarrée :
Sa coupe est un priape, et le jeune échanson,
À son école instruit, jure aussi par Junon.
Cet autre tient d’Othon le miroir impudique ;
Ce miroir où, brûlant d’une ardeur héroïque,
Le cynique empereur, en costume guerrier,
Comme s’il eût d’Actor porté le bouclier,
Au moment de donner le signal des alarmes,
L’étendard déployé, s’admirait sous les armes.
Un miroir au milieu de l’attirail des camps !
Quel trait à consigner dans les fastes du temps !
Dignes soins en effet d’un chef né pour l’empire !
Teint du sang d’un vieillard, il se farde et se mire,
Et dans le même instant que du peuple romain
Il met dans Bédriac la dépouille en sa main,
Éternel monument d’un sublime courage,