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SATIRE V


(01) Le sens ordinairement donné à ce passage, ferait peu d’honneur à la logique du poète. Si tu n’as pas encore rougi de ta conduite, lui fait-on dire : si tu persistes à regarder comme le souverain bien de vivre à la table d’autrui : si tu peux souffrir des humiliations que n’auraient pas supportés les plus vils bouffons de César, quoi que tu l’affirmes par serment, je ne saurais ajouter foi à ton témoignage. D’abord on ne voit là ni témoin, ni témoignage. Ensuite, si Trébius a de pareils sentiments, et qu’il en convienne, pourquoi ne pas le croire ?

(02) Un vin trop grossier pour que la laine nouvelle s’en imprègne facilement. Il paraît que la laine, immédiatement après qu’on l’avait tondue, était lavée dans du vin. Au reste, cette expression n’est peut-être qu’une manière de parler proverbiale.

(03) Thraséas et Helvidius son gendre, tous deux d’une vertu digne des premiers temps de la république, et grands partisans de la liberté. Thraséas Poetus fut condamné à mort, et Helvidius exilé par Néron. Thraséas et Helvidius ne sont pas cités sans dessein par Juvénal. C’est un trait sanglant contre Domitien qui, au rapport de Suétone, avait fait périr Junius Rusticus, pour avoir loué ces deux grands hommes.

(04) Ce Vatinius, homme difforme cl bouffon sans pudeur, après avoir passé sa jeunesse dans la boutique d’un cordonnier, s’était introduit à la cour de Néron, dont il n’était pas une des pestes les moins dangereuses. On donnait son nom à une espèce de coupe avec un ou plusieurs becs en forme de nez, ou parce qu’il faisait usage de coupes de cette espèce, ou parce qu’il en était l’inventeur, on bien encore, comme le prétendent quelques-uns, par allusion à son nez qui était d’une mesure extraordinaire,

(05) Les anciens aimaient beaucoup l’eau chaude, et ils n’en faisaient pas moins d’usage que de la froide. L’eau chaude ne servait pas seulement à délayer les vins qui, par la vieillesse, avaient acquis la consistance du miel, mais encore à exciter et à faciliter le vomis-