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Il est vrai ; mais que dire ? il est gladiateur ;
Le fer remplace tout, beauté, grâce, fraîcheur ;
C’est au gladiateur qu’Hippia sacrifie
Son époux, ses enfants, sa sœur et sa patrie.
Sans ce titre, il n’est plus qu’un homme indifférent,
Qu’un autre Véïenton. Hippia te surprend ;
Mais regarde plus haut : vois, sous le diadème,
Quels rivaux sont donnés à l’empereur lui-même ;
Vois les affronts de Claude : à peine il s’assoupit :
Sa femme qui l’observe et que l’ombre enhardit,
Seule avec une esclave, auguste courtisane,
S’échappe, et, pour cacher un rang qui la condamne,
Sans bruit, le front voilé, trompant tous les regards,
Préfère un lieu d’opprobre au palais des Césars.
Noble Britannicus, c’est là que toute nue,
D’un simple réseau d’or la gorge retenue,
Sous un nom supposé, dans sa loge, à son tour,
Elle étale les flancs qui t’ont donné le jour.
Tous ceux qu’elle aperçoit, son regard les dévore ;
Elle ose les combattre et les défie encore ;
Et lorsqu’au point du jour il faut enfin sortir,
Lorsque le Proxénète ordonne de partir,
La dernière, à regret, par l’heure poursuivie,
Elle sort fatiguée et non pas assouvie ;
Pâle, les yeux éteints, elle rentre au palais,
Et du réduit impur, témoin de ses excès,
De la lampe fétide au plafond suspendue,
L’odeur à son retour sur ses pas répandue,
Jusque sur l’oreiller du stupide empereur,
De son infâme nuit va révéler l’horreur.


Dirai-je les transports d’une mère jalouse,
Préparant l’hippomane au fils d’une autre.épouse ?
Dirai-je ses poisons, philtres enchantés ?
Des coupables écarts aux femmes imputés,
La débauche n’est pas le plus digne de haine ;