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Thymelé, d’une danse encor plus expressive,
Vient-elle déployer la mollesse lascive ?
Demain nos moindres bourgs auront leur Thymelé.
Mais quand des jeux publics le temps est écoulé,
Lorsque du barreau seul la lutte opiniâtre
Remplace par ses cris le fracas du théâtre,
Et qu’il faut, dans l’ennui, des fêtes du printemps,
A celles de novembre, attendre encor longtemps,
Accius les console avec son jeu burlesque,
Son thyrse, sa ceinture et son masque grotesque.
Dans un exode, ensuite, Urbicus le bouffon,
Les fait rire en jouant la mère d’Actéon.
De l’indigente Aelie aussitôt le cœur brûle :
Mais ce n’est qu’à grands frais qu’on le désinfibule.
Il en est dont le chant fixe avant tout le choix,
Et qui de Chrysogon ont ruiné la voix.
Hispulla que transporte une ardeur héroïque,
Réserve ses faveurs pour un acteur tragique.
Voudrais-tu, par hasard, qu’un cœur tel que le sien,
Se laissât enflammer pour un Quintilien !
Tu prétends contracter un hymen légitime :
Tu veux un fils : eh bien ! Ambrosius le mime,
Le harpiste Ecbion, Glaphyrus le flûteur
Te donneront ce fils où tu mets ton bonheur.
Dresse des échafauds, décore ton portique,
Pour que, sur le duvet d’un berceau magnifique,
Quelque jour, Lentulus, un noble rejeton,
Vienne offrir à tes yeux les traits d’un mirmillon.

Oubliant à la fois sa maison, sa patrie,
N’a-t-on pas vu naguère aux murs d’Alexandrie,
Du noble Véïenton l’épouse sans pudeur,
Hippia, sur le Nil, suivre un gladiateur,
Et de Canope même excitant la censure,
Y faire des Romains détester la luxure ?
Rien ne put l’arrêter, son époux ni ses fils,