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l’histoire du monde, nous les voyons se donner la main et se soutenir l’un-l’autre ; mais nulle part cette union touchante n’est plus frappante que dans l’histoire des Canadiens. Dans les occasions bien rares où des Canadiens ont renoncé à leur religion, ils ont toujours renoncé à leur nationalité ; vous ne les entendez plus parler français, et, s’ils le peuvent, ils changent leur nom. Ils semblent craindre que ce ne soit une enseigne qui les fasse reconnaître comme traîtres et comme apostats. De même quand ils renoncent à leur nationalité, quand ils perdent l’usage du français, et que leurs enfants apprennent à oublier qu’ils descendent de cette noble race, il est bien rare que l’amour de la religion ne soit pas aussi fortement ébranlé chez eux, et presque toujours après avoir perdu le sentiment de la patrie, ils finissent par oublier celui de la foi. Je viens de parcourir non-seulement le Canada, mais toutes les colonies françaises et canadiennes de l’Amérique, et c’est pour moi un fait avéré par l’expérience.

Conservez donc avec soin ces traditions pieuses de votre origine ; elles peuvent vous être doublement utiles ! et parce qu’elles vous aideront à mieux conserver la religion, cet élément fondamental, essentiel de l’existence et de l’avenir de l’homme ; et parce que en consti-