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commerces, de promptes fortunes, nul ne veut agir qu’en grand, tous le monde méprise les petits profits et les existences médiocres. Cependant c’est la masse des petits profits et des existences médiocres qui fait la force des sociétés et la ressource commune des hommes. Se jetter violemment en dehors des voies où les circonstances naturelles nous ont placé, et dont les habitudes d’enfance et de familles nous ont appris les ressources et le bon usage, c’est véritablement mettre à la loterie et entrer dans une maison de jeu.

Pour tenter de vastes combinaisons, et mener à bonne fin les affaires difficiles et compliquées qu’elles entraînent, il faut en effet deux choses, deux choses toujours rares : une forte intelligence et un certain bonheur ; je sais bien que nous sommes tous fort portés à croire que nous sommes très intelligents, et à espérer beaucoup dans notre bonne chance, mais l’homme sage sait se méfier de pareils entraînements, car il suffit de regarder autour de nous : pour un qui réussit dans cette loterie de la fortune, combien succombent malheureusement et tombent dans la dernière misère, pour avoir voulu soulever un poids qui était au-dessus de leur force.

Cependant, à côté de ces périls, il est une route qui est ouverte à tous, accessible à tous,