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caractérisées, variées mais toujours gravées d’une main ferme, elle sont fortement assises et distinctes, indice d’une pensée calme et sure d’elle même, bien établie dans sa vie, qui sait d’où elle vient et ou elle va ; leur contexture n’a point de précipitation, c’est l’expression d’un homme qui réfléchit à ce qu’il fait, sans avoir cependant une préoccupation trop fiévreuse des affaires et du gain ; il y pense mais sans en être absorbé, c’est une personne raisonnable, et non pas une machine à gagner de l’argent ; il est rare que l’une ressemble à l’autre, parce que n’étant point précipités, chacun y laissait la trace de son caractère comme il convient à un être humain et intelligent.

Aujourd’huy chacun y laisse la trace commune et monotone des inquiétudes de son esprit — quand on parcourt une page de signatures aux États-Unis on se demande, si cela a passé sous la main des hommes, ou sous l’empreinte d’une machine à écrire ; — Est-ce à dire que les caractères humains sont atténués, amoindris, moulés dans une assimilation déplorable ? ou bien les méthodes d’instruction y sont-elles tellement inférieures, qu’elles oblitèrent l’action de la volonté et de l’intelligence sur les organes ; la main ne serait plus alors l’expression de la pensée mais un instrument automatique