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breuses îles de l’immense archipel de l’océan Pacifique ; sur chaque île elle a laissé des traces de son passage. Elle était précédée d’une oscillation sous-marine lointaine ; elle s’annonçait par un grand bruissement de vagues aux abords des terres ; puis furieuse, amoncelée, menaçante, elle se brisait sur les côtes, inondait les parties basses, faisait crouler les rochers et passait plus rapide encore après avoir été arrêtée sur sa route. Et sur l’immense surface de l’océan Pacifique, cette vague gigantesque, qui avait plus de deux lieues de longueur, était invisible. Les navires qui étaient hors de son action ne l’ont pas même soupçonnée. À peine ont-ils senti un mouvement ondulatoire qui les soulevait d’une manière imperceptible.

III.

Le tremblement de terre qui a donné lieu à cette vague monstre est un des plus vastes et des plus terrifiants que l’on ait jamais vus. Voici quelques détails que nous empruntons aux journaux américains, principalement au Messager franco-américain, qui nous en a donné le récit navrant : « Le 13 août 1868, le Pérou a été mis à la plus rude épreuve que ce pays infortuné eût jamais éprouvée. D’une extrémité à l’autre de la république, un épouvantable tremblement de terre s’est fait sentir. Vers cinq heures du soir, on a entendu tout à coup un bruit sourd qui allait sans cesse en augmentant. Quelques secondes plus tard, la terre a commencé à se mouvoir avec une rapidité de plus en plus grande. La secousse a duré