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cruelle illusion ; mais Monge en eut bientôt découvert et expliqué la cause. Les couches inférieures de l’atmosphère, échauffées par le sable, prennent des densités qui vont en décroissant, à mesure qu’elles sont plus voisines du sol. Les rayons lumineux partant d’un point élevé et pénétrant dans ces couches passent sans cesse d’un milieu plus dense dans un milieu moins dense ; l’obliquité de leur incidence sur les couches successives va donc en augmentant de plus en plus. Enfin, ils rencontrent une couche sur laquelle ils subissent la réflexion totale, et produisent pour l’œil qu’ils rencontrent une image par réflexion.

M. le docteur Bonnafont, pendant l’expédition qui précéda le traité de la Tafna, a fait quelques observations qu’il a ensuite adressées à l’Académie des sciences, et qui présentent un grand intérêt scientifique :

« L’expédition, partie d’Oran le 15 mai 1837, dit-il, bivouaqua le soir au village de Mézerguin, le 16 à Brédéah, et le 17 nous quittâmes le camp à cinq heures du matin (temps très beau, vent nord-ouest, frais, 16 degrés centigrades de chaleur) . À huit heures, nous aperçûmes, d’une petite hauteur, une immense surface blanche miroitant au soleil, et connue sous le nom de Lac salé, lequel n’a pas moins de quatre à cinq lieues de long et une lieue à une lieue et demie de large, occupant une direction de l’est à l’ouest.

« L’armée, arrivant du côté nord, fit sa grande halte à neuf heures, sur le bord du lac, lequel ne présenta à tous ceux qui occupaient le côté nord autre chose qu’une couche blanche, comme neigeuse, qui couvrait toute la