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peut être plus propre à cela que ces îles qui présentent à leur base des chaleurs tropicales, et dans leur région élevée les glaces de l’hiver.

C’est ce qui arrive à l’île de la Réunion, à l’île de Ténériffe, et même dans beaucoup d’autres îles dont les montagnes sont moins élevées.

Dans les longues et délicieuses soirées que je passais sous la varangue de la Rivière-des-Pluies, chez M. Ch. Desbassayns, à l’île de la Réunion, le vénérable vieillard me racontait sous ce rapport des faits extraordinaires, qui surprennent ceux-là mêmes qui sont habitués aux phénomènes de la science.

Il me disait que d’anciens créoles étaient devenus tellement habiles à découvrir les phénomènes du mirage, qu’ils arrivaient par ces phénomènes à savoir tout ce qui se passait de tant soit peu important en mer.

C’est surtout avant que la vapeur sillonnât les flots, et avant que les lois des vents alizés fussent assez connues pour que les navires pussent s’abandonner à leur direction, que les créoles se livraient à cette étude.

Alors les colonies lointaines étaient rarement visitées, et l’arrivée d’un navire était pour elles une bonne fortune. Il leur apportait non seulement les provisions tant désirées, mais aussi les nouvelles des pays éloignés, presque la seule chose qui les rattachait au reste du monde. L’étranger était reçu, choyé, aimé, traité comme un être exceptionnel ; toutes les familles se le disputaient, et souvent même on avait recours au sort pour connaître les foyers favorisés auxquels l’étranger viendrait successivement s’asseoir ; aussi l’hospitalité empressée, large et bienveil-