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aspect d’automne et de mort auquel le regard du créole n’est pas accoutumé.

Pendant ces crises effroyables, la mer est tellement brassée que son écume est transportée à plus de trois quarts de lieue dans les terres. On ne voit plus l’Océan ; ses eaux sont réduites en poussière que le tourbillon emporte avec lui ; mais on entend sa voix terrible comme son immensité, la vague qui déferle, les cailloux et les rocs qui se heurtent, un bruit semblable à celui des flammes qui sortiraient pressées de la gueule d’un four vaste comme les flancs de l’abîme. Il semble que l’on se trouve au sein du chaos que féconda l’esprit de Dieu au commencement des jours.

VII.

C’est principalement au sein des mers qu’il faut assister aux incomparables assauts livrés par l’ouragan : immenses et terribles rafales qui ont inspiré à Camoëns ses plus belles pages, sa magnifique allégorie d’Adamastor que je lisais et relisais en doublant le cap de Bonne-Espérance, comme une évocation au Génie des tempêtes. On aurait dit qu’Adamastor apparaissait de nouveau à nos regards étonnés, que son spectre gigantesque, épouvantable, s’élevait devant nous, que sa voix formidable, sortant des gouffres de la mer ténébreuse, nous accablait d’horribles imprécations.

Quelle puissante impression ne doit pas éprouver le jeune soldat intelligent et sensible, lorsque pour ses