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Dans l’axe de ce cylindre, il y avait une rangée de très petites bulles d’air[1].

Pendant l’hiver de 1740, qui fut très long et très rigoureux, on construisit à Saint-Pétersbourg un palais de glace, de 18 mètres de longueur, sur 6 de largeur et 7 de hauteur ; l’architecture en était élégante et régulière.

Pour cette construction on prit dans la Neva des blocs qui avaient près d’un mètre d’épaisseur ; on les tailla et on y sculpta des ornements, et lorsqu’ils furent en place, on les arrosa, en dehors, d’eau colorée, qui se congela sur-le-champ, et forma ainsi des espèces de stalactites très variées.

On fit également six canons et deux mortiers avec leurs affûts entièrement de glace ; on les chargea, avec 125 grammes de poudre, un boulet d’étoupe et un de fonte par-dessus. L’épreuve s’en fit en présence de toute la cour ; le boulet alla percer à 50 mètres une planche d’environ 5 centimètres d’épaisseur ; le canon n’éclata point, bien qu’il n’eût pas plus de 10 centimètres d’épaisseur.

Un autre usage de la glace qui au premier coup d’œil paraît encore plus extraordinaire, c’est celui qu’imagina d’en faire un physicien anglais, en 1763. Il tailla un morceau de glace en lentille de plus de 3 mètres de diamètre et de 15 centimètres d’épaisseur. Il l’exposa aux rayons du soleil, et il enflamma, à plus de 2 mètres de distance, de la poudre, du papier et d’autres substances combustibles.

Il est curieux de voir que l’on pourrait mettre le feu à

  1. Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1871.