Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/327

Cette page a été validée par deux contributeurs.

puisque je te vois enfin revenu ici pour régner dans Ayodhyâ. Que ta majesté passe en revue les greniers, les trésors, le palais, les armées et la ville ; j’ai tout décuplé, grâce à la force qu’elle m’a prêtée. »

À peine ont-ils entendu Bharata parler en ces mots dictés par l’amour fraternel, les singes et Vibhîshana le Rakshasa de verser tous des larmes. Râma dans sa joie fit alors asseoir Bharata sur sa cuisse et s’en alla, monté sur le char, accompagné des armées, à l’ermitage du Kêkéyide. Arrivé là, suivi des escadrons, il quitta le sommet du char, descendit et se tint sur le sol de la terre.

Le frère aîné de Bharata dit alors au char, dont la vitesse égalait celle de la pensée : « Va, je te l’ordonne, vers le Dieu Kouvéra. » Aussitôt reçu le congé que Râma lui donnait, ce léger véhicule s’enfonça dans la plage septentrionale et roula vers le palais du Dieu qui dispense à son gré les richesses. Quand il vit son char, Kouvéra lui dit : « Porte Râma, et sois désormais, ne l’oublie point, à son service comme tu es au mien. » À cet ordre, le char se mit à la disposition de Râma ; et le Raghouide, quand il eut appris cette nouvelle, en fit ses remerciements à Kouvéra.

Le fils des rois et le fléau des ennemis, Bharata, à l’éclatante splendeur, ayant salué d’un air modeste le monarque des singes, lui tint ce langage : « Nous étions quatre frères, et toi maintenant, Sougrîva, tu fais le cinquième ; car un ami est, comme ses amis, un fils de l’amitié, et ses traits de famille sont les services qu’il a rendus. »

Ensuite le fils bien-aimé de Kêkéyî, ses deux mains réunies en coupe à ses tempes, dit à Râma, son frère