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flèches. Ici, tombé sous mon dard à cause de toi, femme aux grands yeux, gisait le monarque des Yâtavas, cet épouvantable Râvana, que Brahma lui-même avait comblé de ses grâces. C’est à cette place que se lamenta d’une manière si touchante l’épouse du cruel souverain, appelée Mandaudarî.

« Maintenant, reine, s’offre à nos regards l’Océan, roi des fleuves : il eut en quelque façon pour ancêtre un de mes aïeux ; aussi a-t-il fait alliance avec moi. Cette montagne, qui nous montre son dos, c’est le Souléva, où nous avons passé la nuit, dame au charmant visage, après la traversée de l’Océan. Voici la chaussée que j’ai construite à cause de toi, femme aux grands yeux, à travers cette mer, le domaine des requins ; cette gloire n’aura pas de fin.

« Ici, reine, sur le sol de la terre, jonché du graminée kouça, je couchai trois nuits pour obtenir que la mer voulût bien se montrer à mes yeux sous une forme humaine. Cette montagne, qui ressemble à une masse de grands nuages, c’est le Dardoura, où le singe Hanoûmat alla prendre son élan. Kishkindhyâ aux admirables forêts se montre à nos yeux, Sîtâ ; c’est la charmante ville de Sougrîva, où Bâli fut tué par moi. À la porte de Kishkindhyâ, tu vois s’élever la cime lumineuse du Mâlyavat : c’est là, reine, que j’ai passé les quatre mois de la saison pluvieuse, loin de toi, femme aux grands yeux, et portant le poids de ma douleur, après que j’eus arraché la vie au terrible Bâli et sacré le nouveau roi Sougrîva.

« À présent, voici devant nos yeux la Pampâ aux bois variés, aux étangs de lotus, où, privé de toi, Sîtâ, je promenais çà et là mes plaintes continuelles.

« Là avait coutume de se percher le roi des vautours,