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Alors ce témoin incorruptible du monde, le Feu, dit à Râma : « Voici ton épouse, Râma ; il n’existait aucune faute en elle.

« Cette femme vertueuse à la conduite sage n’a failli envers toi, ni de parole, ni de pensée, ni par l’esprit, ni par les yeux. Dans une heure, où tu l’avais quittée, héros, le Démon Râvana d’une irrésistible vigueur l’emporta malgré sa résistance loin de la forêt solitaire. Enfermée dans son gynæcée, triste, absorbée dans ton souvenir, n’ayant de pensée que pour toi, surveillée de tous les côtés par des Rakshasîs difformes, tentée et menacée de toutes les manières, ta Mithilienne, en son âme retournée toute vers toi, n’a jamais songé au Rakshasa.

« Reçois-la pure, sans tache : il n’existe pas en elle la moindre faute : je t’en suis le garant. Le feu voit tout ce qu’il y a de manifeste et tout ce qu’il y a de caché : aussi, ta Sîtâ m’est-elle connue, à moi, qui viens de l’observer ici même en face de mes yeux ! »

À ces mots, le héros à la grande splendeur, à l’inébranlable énergie, Râma, plein de constance et le plus vertueux des hommes vertueux, répondit au plus excellent des Dieux : « Il fallait nécessairement que Sîtâ fût soumise dans les mondes, grand Dieu, à l’épreuve de cette purification ; car elle avait longtemps, elle femme charmante, habité dans le gynæcée de Râvana. « Râma, ce fils du roi Daçaratha, est un insensé ; son âme n’est qu’une esclave de l’amour, » auraient dit les mondes, si je n’eusse point fait passer la Djanakide par cette purification. Cependant je savais bien que la fille du roi Djanaka n’avait pas changé de cœur, qu’elle m’était dévouée et que sa pensée errait sans cesse autour de moi. Mais, pour lui attirer la confiance des trois mondes dans cette