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douée de cette beauté céleste, ait pu jamais trouver du charme dans aucune autre des jeunes femmes qui habitent son palais ! »

Quand elle entendit pour la première fois ces paroles affreuses de son époux au milieu des peuples assemblés, la Mithilienne se courba sous le poids de la pudeur. La Djanakide rentra dans ses membres, pour ainsi dire, et, blessée par les flèches de ces paroles, elle versa un torrent de larmes. Ensuite, essuyant son visage baigné de pleurs, elle dit ces mots lentement et d’une voix bégayante à son époux : « Tu veux me donner à d’autres, comme une bayadère, moi qui, née dans une noble famille, Indra des rois, fus mariée dans une race illustre. Pourquoi, héros, m’adresses-tu, comme à une épouse vulgaire, un langage tel, choquant, affreux à l’oreille et qui n’a point d’égal ? Je ne suis pas ce que tu penses, guerrier aux longs bras ; mets plus de confiance en moi ; j’en suis digne, je le jure par ta vertu elle -même !

« C’est avec raison que tu soupçonnes les femmes, si leur conduite est légère ; mais dépose le doute à mon égard, Râma, si tu m’as bien étudiée. S’il m’est arrivé de toucher les membres de ton ennemi, mon amour n’a rien fait ici pour la faute ; le seul coupable, c’est le Destin ! Mon cœur, néanmoins, la seule chose qui fût en mon pouvoir, n’a jamais cessé de résider en toi ; que ferai-je désormais, esclave en des membres qui ne sont pas à moi ? Jamais, en idée seulement, je n’ai failli envers toi : puissent les Dieux, nos maîtres, me donner la sécurité d’une manière aussi vraie que cette parole est certaine ! Si mon âme, prince, qui donne l’honneur, si mon naturel chaste et notre vie commune n’ont pu me révéler à toi, ce malheur me tue pour l’éternité.