Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et de lumière dans les conseils pour notre bien, porte aujourd’hui tout son fruit. La grande fatigue de Vibhîshana, qui, désertant le parti d’un frère vicieux, est venu se rallier au mien, porte également son fruit aujourd’hui. »

Il dit ; et, tandis que Râma tenait ce langage, Sîtâ, les yeux tout grands ouverts, comme ceux d’une gazelle, était inondée par ses larmes. À cette vue, la colère du Raghouide s’en accroît davantage, et, contractant ses noirs sourcils sur le front, jetant des regards obliques, il envoie à Sîtâ ces mordantes paroles au milieu des singes et des Rakshasas :

« Ce que doit faire un homme pour laver son offense, je l’ai fait, par cela même que je t’ai reconquise : j’ai donc sauvé mon honneur. Mais sache bien cette chose : les fatigues que j’ai supportées dans la guerre avec mes amis, c’est par ressentiment, noble Dame, et non pour toi, que je les ai subies ! Tu fus reconquise des mains de l’ennemi par moi dans ma colère ; mais ce fut entièrement, noble Dame, pour me sauver du blâme encouru et laver la tache imprimée sur mon illustre famille.

« Ta vue m’est importune au plus haut degré, comme le serait une lampe mise dans l’intervalle de mes yeux ! Va donc, je te donne congé ; va, Djanakide, où il te plaira ! Voici les dix points de l’espace, choisis ! il n’y a plus rien de commun entre toi et moi. En effet, est-il un homme de cœur, né dans une noble maison, qui, d’une âme où le doute fit son trait, voulût reprendre son épouse, après qu’elle aurait habité sous le toit d’un autre homme ?

« Place comme il te plaira ton cœur, Sîtâ ! car il n’est pas croyable que Râvana, t’ayant vue si ravissante et