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s’approcher de lui, telle que Çrî elle-même revêtue d’un corps, ou telle que la Déesse de Lankâ, ou telle enfin que Prabhâ, la femme du soleil. À la vue de Sîtâ, la plus noble des épouses, tous les singes furent transportés dans la plus haute admiration par la force de sa grâce et de sa beauté.

Quand, le visage inondé par des larmes de pudeur, au milieu de ces peuples assemblés, elle se fut approchée de son époux, la Djanakide se tint près de lui, comme la charmante Lakshmî à côté de Vishnou. À l’aspect de cette femme qui animait un corps d’une beauté céleste, le Raghouide versa des pleurs, mais ne lui dit point un seul mot, car le doute était né dans son âme. Ballotté au milieu des flots de la colère et de l’amour, Râma, le visage pâle, avait ses yeux empourprés d’une extrême rougeur, tant il s’efforçait d’y retenir ses larmes !

Il voyait devant lui cette reine debout, l’âme frissonnante de pudeur, ensevelie dans ses pensées, en proie à la plus vive affliction et comme une veuve qui n’a plus son protecteur. Elle, cette jeune femme, qu’un Démon avait enlevée de force et tourmentée dans une odieuse captivité ; elle, à peine vivante et qui semblait revenir du monde des morts ; elle, que la violence arracha de son ermitage un instant désert ; elle, sans reproche, innocente, à l’âme pure, elle n’obtenait pas de son époux une seule parole ! Aussi, les yeux déjà baignés par des larmes de pudeur au milieu des peuples assemblés, fondit-elle en des torrents de pleurs, quand elle se fut approchée de Râma, en lui disant : « Mon époux ! »

À ce mot, qu’elle soupira avec un sanglot, une larme vint troubler les yeux des capitaines simiens ; et tous ils se mirent à pleurer, saisis de tristesse. Le Soumitride, qui