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Après qu’il eut, en regardant la terre, poussé de longs et brûlants soupirs, il dit à Vibhîshana, le monarque des Rakshasas : « Fais venir ici la princesse de Mithila, Sîtâ, ma Vidéhaine, aussitôt qu’elle aura baigné sa tête, répandu sur elle un fard céleste et revêtu de célestes parures. »

À peine eut-il parlé, que Vibhîshana partit d’un pied hâté ; il entra dans le gynæcée, et, les mains réunies en coupe, il dit à Sîtâ : « Baigne-toi la tête, Vidéhaine ; revêts de célestes parures et monte dans un char, s’il te plaît ; ton époux désire te voir. » À ces mots, la Vidéhaine répondit à Vibhîshana : « Je désire aller voir mon époux avant même de m’être lavée, monarque des Rakshasas. » Ces paroles entendues, Vibhîshana repartit : « Reine, tu dois faire comme ton époux veut que tu fasses. »

Aussitôt qu’elle eut ouï ces mots, la vertueuse Mithilienne, pour qui son mari était comme une divinité, cette reine toute dévouée à l’amour et à la volonté de son époux : « Qu’il en soit donc ainsi ! » répondit-elle. Sur-le-champ, de jeunes femmes lavent sa tête et font sa toilette ; on la revêt de robes précieuses, on la pare de riches joyaux ; puis, Vibhîshana fait monter Sîtâ dans une litière magnifique, couverte de tapis somptueux, et l’emmène, escortée de Rakshasas en grand nombre.

Enflammés de curiosité, les principaux des singes, désirant voir la Mithilienne, se tenaient sur le passage par centaines de mille. « De quelle beauté donc est cette Vidéhaine ? se disaient-ils. Quelle est cette perle des femmes, à cause de laquelle ce monde des singes fut mis en si grand péril ? Elle, pour qui fut tué un roi, ce Râvana, le monarque des Rakshasas, et fut jetée dans les eaux de la