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À ces mots, Sîtâ de se lever en sursaut ; mais, la joie fermant tout passage à sa voix, cette femme au visage brillant comme l’astre des nuits ne put articuler une seule parole. Ensuite, le plus illustre des singes dit à Sîtâ, plongée dans le silence : « À quoi penses-tu, reine ? Pourquoi ne me parles-tu pas ? »

À cette question d’Hanoûmat, elle, qui jamais ne quitta le chemin du devoir, Sîtâ, au comble du bonheur, lui tint ce langage d’une voix que sa joie rendait balbutiante : « À peine eus-je entendu une si agréable nouvelle, l’éminente victoire de mon époux, que, subjuguée par la joie, je devins sans parole un moment. En effet, je ne vois rien, singe, mon ami (et c’est la vérité, que je dis là), non ! je ne vois rien sur la terre qui soit égal aux charmes de ton récit, ni l’or, ni les vêtements, ni même les pierreries. Aussi fus-je saisie d’une joie telle, que j’en perdis la parole. »

À ces mots de la Vidéhaine, le singe, joignant ses deux mains en coupe et debout en face de Sîtâ, lui tint ce langage dicté par la joie : « Femme vertueuse, appliquée au bonheur de ton époux, ô toi qui es pour ton mari la joie de sa victoire, il te sied de parler en ces paroles d’amour. Elles sont égales, reine, ces bonnes et fécondes paroles de toi, au don le plus magnifique par des multitudes de pierreries ; elles valent même tout l’empire des Dieux ! Avec cette richesse, je pourrais acheter tous les biens, un royaume et le reste. Maintenant que je vois Râma victorieux et son rival immolé, il est une grâce que je sollicite de toi, reine, une seule, mais grande, à laquelle je tiens. Daigne me l’accorder gracieusement ; ensuite, on te fera voir ton époux.

« J’ai vu naguère plus d’une fois ces Rakshasîs aux