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et dit ces paroles : « Oh ! bonheur ! le despote insensé des Naîrritas vient s’offrir à mes yeux ! je vais donc engager un combat avec lui et goûter enfin le plaisir de lui ôter la vie ! » Il dit, bande son arc, et tirant la corde jusqu’à son oreille, décoche un trait, que le monarque irrité des Rakshasas lui coupe avec trois bhallas.

Alors un de ces combats épouvantables, acharnés, qui mettent fin à la vie, s’éleva entre ces deux héros, animés par un désir mutuel de la victoire. Le Rakshasa ne s’en émut pas, car il vit quelle était sa propre légèreté à décocher le trait, à briser le dard, à repousser la flèche ennemie. Cependant Râma, de qui ce combat excitait la colère, Râma à la force immense perce le noctivague avec des centaines de traits aigus, qui vibrent dans la blessure.

Mais le monarque aux dix têtes, à la grande vigueur, s’avance irrité et décoche le trait des ténèbres, dard bien formidable et qui glace de la plus horrible épouvante. Le projectile envoyé brûle de tous côtés les singes : aussitôt, rompus et fuyants, les simiens font lever sur le sol un nuage de poussière. Ils ne furent pas capables de supporter ce trait, que Brahma lui -même avait fabriqué.

Dans ce moment, le Démon victorieux voit Râma, qui l’attend de pied ferme à côté de Lakshmana, son frère : tel Vishnou près duquel est Indra. Il vit devant lui ce Kakoutsthide, qui, appuyé sur un grand arc, semblait effleurer de sa tête la voûte du ciel ; et, poussant avec rapidité son char sur le champ de bataille contre ce noble enfant de Raghou, il blessa, chemin faisant, beaucoup de singes.

Voyant les simiens rompus dans la bataille, et Râvana qui fondait sur lui, Râma, tout horripilé de colère, em-