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avec la même furie, quoiqu’il fût sans bras : à cette vue, Râma saisit deux flèches émoulues en demi-lunes et lui trancha les deux pieds dans cette nouvelle phase du combat. Alors, ouvrant sa bouche semblable au volcan sous-marin, le Démon vociférant, les bras coupés et les jambes mutilées, s’avançait encore impétueusement vers le Raghouide : tel Râhou, dans les cieux, quand il veut dévorer la lune. Râma aussitôt de lui remplir sa gueule de flèches à la pointe aiguë, à l’empennure vêtue d’or ; et le monstre, sa bouche pleine de traits, ne pouvant parler, râlait à grand’peine des sons inarticulés ; il perdit même la connaissance.

Râma choisit un autre dard céleste, d’une éternelle durée, que les Dieux et même Indra vénéraient comme le second sceptre de la Mort. Il envoya au noctivague cette arme à l’empennure variée d’or et de diamants, ce projectile d’un éclat pareil aux flammes ou aux rayons allumés du soleil, ce trait d’une vitesse égale à celle de l’éclair et du tonnerre déchaînés par le grand Indra.

Soudain le trait coupe au roi des Yâtavas sa tête pareille au sommet d’une montagne, ce chef à la bouche armée de ses longues dents arrondies, au cou paré de son beau et resplendissant collier : tel Indra jadis abattit la tête de Vritra. Le Démon poussa un effroyable cri et tomba mort : son grand corps écrasa deux milliers de singes. La chute du géant sur la terre fit trembler tous les remparts et les portiques de Lankâ ; la grande mer elle -même en fut agitée.

Alors, pleins d’allégresse et le visage riant comme des lotus épanouis, les singes d’honorer en foule cet heureux et bien-aimé Raghouide, qui avait tué de sa main leur ennemi noctivague d’une force épouvantable. Alors les