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et qui offrait l’aspect du soleil, père de la lumière. Il s’approche du palais, il entre dans l’enceinte, il voit son auguste frère assis, le cœur troublé, dans le char Poushpaka.

Alors le prince à la grande force, Koumbhakarna, d’embrasser les pieds de son frère, assis dans un palanquin. Mais Râvana se lève et, plein de joie, lui donne une accolade. Ensuite Koumbhakarna, embrassé et comblé par son frère des honneurs qu’exigeait l’étiquette, prit place sur un trône sublime et céleste. Quand le Démon à la grande vigueur se fut assis dans le siège, il adressa, les yeux rouges, avec colère, ces mots à Râvana :

« Pourquoi, sire, m’as-tu fait réveiller sans aucun égard ? Dis-moi d’où te vient cette crainte ? À qui dois-je maintenant donner la mort ? Ce danger te vient-il du roi des Dieux, sire, ou du monarque des eaux ? »

« Noctivague, mon frère, il y avait bien longtemps, répondit l’autre, que durait le sommeil, dont nous t’avons retiré aujourd’hui. Tu n’as donc pu connaître, plongé dans ce doux repos, en quelle infortune m’a jeté Râma. Jamais, ni les Gandharvas, ni les Daîtyas, les Asouras ou même les Dieux ne m’ont fait courir un péril égal au danger qui me vient de cet homme.

« Tu n’as pu savoir comment Sîtâ fut jadis enlevée par moi. Râma, que ce rapt consume de colère et de chagrin, nous a précipités dans ces horribles transes. Accompagné de Sougrîva, ce vigoureux Daçarathide a franchi la mer, et maintenant il coupe sans pitié les racines de notre existence. Vois, hélas ! aux portes mêmes de Lankâ nos bosquets d’agrément, que les singes, arrivés par une chaussée inouïe, revêtent d’une couleur tannée. Ils ont tué dans la guerre mes Rakshasas les plus éminents.