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À l’aspect de Râvana, qui accourt d’un rapide essor avec son arc et son dard enflammé, le monarque des simiens se porte à sa rencontre, impatient de se mesurer avec lui dans un combat. Le souverain des singes arrache de ses bras vigoureux la cime d’une montagne, fond sur le roi des Rakshasas, et, levant cette masse, lance à Râvana le sommet que surmonte un plateau ombragé d’une forêt. Mais à la vue de ce mont qui vient sur lui, soudain le héros décacéphale de le couper avec des flèches pareilles au sceptre de la mort.

Quand il eut fendu par morceaux cette montagne aux admirables et nombreux plateaux couverts d’arbres, au faîte aérien et sublime, le formidable monarque prit une flèche terrible, semblable à un grand serpent. Il encocha cette arme scintillante, pareille à une flamme et d’une vitesse égale à celle du vent ; puis il envoya au souverain des troupes simiennes ce trait aussi rapide que le tonnerre du grand Indra. Le dard, lancé par la main de Râvana, ce dard à la pointe aiguë, au corps semblable à celui de la foudre, atteint Sougrîva et le perce avec impétuosité : tel Kârtikéya d’un coup de sa lance transperça le mont Krâauntcha.

Le roi blessé par la flèche pousse un cri et tombe sur la terre, l’âme égarée, en proie à l’émotion de la douleur. À l’aspect du noble singe étendu sur le champ de bataille, les Yâtoudhânas, pleins de joie, la font éclater en acclamations : mais Gavâksha, Gavaya, Soudanshtra, Nala, Djyotirmoukha, Angada et Maînda arrachent les rochers d’une grosseur démesurée et courent à l’envi sur l’Indra même des Rakshasas. Ce terrible monarque rendit inutiles tous les coups des singes avec des centaines de traits à la pointe aiguë, et blessa les héros quadrumanes avec