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À ces mots du monarque de Rakshasas, l’interrogé, à qui les principaux des singes n’étaient pas inconnus, lui répondit : « Le singe qu’entourent mille centaines de capitaines et qui rugit, le front tourné vers Lankâ ; ce héros de qui la grande voix fait trembler toute la cité avec ses remparts, ses portiques, ses bois, ses montagnes et ses forêts ; ce général qui se tient à la tête des armées du magnanime Sougrîva, l’Indra de tous les singes, on l’appelle Nala. Il est fils de Viçvakarma, et c’est par lui que ce pont fut construit.

« Semblable au faîte d’une montagne et pareil en couleur aux fibres du lotus, ce guerrier vigoureux, qui, tenant ses bras levés, creuse des pieds la terre et qui, la face tournée vers Lankâ dans une fureur débordée, ouvre à chaque instant sa bouche par des bâillements de colère, fait claquer à chaque pas sa queue et remplit du son les échos aux dix points de l’espace ; ce héros qui, environné par un millier de padmas[1] et par une centaine de cent milliards, te défie au combat, fut sacré comme roi de la jeunesse par Sougrîva, le monarque des singes : le nom qu’il porte, est Angada.

« Tu vois ce singe blanc, qui semble d’argent, qui vient de s’aboucher à la tête de son armée avec Sougrîva et qui s’en retourne, divisant par sa marche les armées simiennes, au milieu desquelles sa vue répand la joie. Il promène ses pas sur les rives charmantes de la Gomatî, sur les flancs du mont Arbouda, et tient le sceptre en ces lieux, où s’élève, peuplée d’oiseaux variés, la montagne nommée Sankotchana. Ce quadrumane fortuné, distingué

  1. Le padma est une quantité égale à dix milliers de millions.