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arbres distillant alors un miel semblable aux nourritures accoutumées des singes.

Commencée à la rive septentrionale, la jetée se prolongeait jusqu’au rivage de Lankâ ; et, d’une admirable beauté, on la voyait diviser la mer en deux parties. Large, bien exécutée, propice, faite pour tous les êtres, elle brilla désormais au front de l’Océan comme une raie de chair, qui partage les cheveux sur le milieu de la tête.

La jetée construite, le passage des singes magnanimes par milliers de kotis exigea un mois entier.

Enfin, ayant repris haleine et s’étant reposés tous, chacun dans son armée, ces quadrumanes fameux traversèrent l’Océan sur la voie qui était née sous leurs mains. Vibhîshana, une massue au poing, se tenait avec ses quatre amis sur la rive ultérieure de la mer afin de repousser l’approche des ennemis.


Quand Râma, le Daçarathide, eut traversé la mer avec son armée, le fortuné Râvana de parler ainsi à deux de ses ministres, Çouka et Sârana : « L’armée entière des singes a franchi l’infranchissable Océan, et Râma a lié d’une chaussée, qui n’existait pas avant ce jour, les deux rives de cette mer. On n’a jamais ni vu ni ouï dire qu’un pont fût jeté sur la mer elle-même : c’est donc le Destin qui, pour nous perdre, étend son bras vers nous ! C’est Râma qui fit, Sârana, ce travail incroyable : la construction d’une telle chaussée en plein Océan trouble à cette heure mon esprit. Il faut nécessairement que je connaisse le nombre de cette armée simienne : une fois ces informations prises, je disposerai nos moyens de résistance.

« Que vos excellences, revêtant le corps des singes, entrent donc, sans qu’on les remarque, dans cette armée,