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môle jeté dans la grande mer. Et, se tenant au sein des airs, non loin de Râma, tous lui rendent leurs hommages et parlent ainsi d’une voix douce : « Quel créateur, sans excepter même Indra, secondé par les Dieux, a fait jadis ou fera jamais un ouvrage tel que celui du noble Raghouide ?

« Autant que subsistera cette mer, aussi longtemps durera, comme elle est, cette admirable jetée : et tant que la renommée dira le nom de cette mer, elle publiera en même temps le nom de Râma[1] ! »


Accourus à la hâte dans ces lieux : « Qui a lié d’une chaussée les deux rives de cette mer ? » demandaient émerveillés les Tchâranas et les Vidyâdharas. « Celui, répondait-on, qui a lié d’une chaussée les deux rives de cette mer, c’est Râma. » Et ces mots dans un bruit confus de voix mêlées s’en allaient par les dix points de l’espace et venaient frapper les oreilles jusque sur la terre.

De peur que l’astre du jour ne brûlât, si peu même que ce fût, les singes dans leurs fatigants travaux, des nuages, nés sous la voûte des cieux, interceptaient les rayons du soleil. Indra versait la pluie et Mâroute son haleine d’une manière tout à fait propice : on vit même les

  1. « Râma, dans son expédition contre l’île de Ceylan, rétablit momentanément par un miracle l’isthme ancien, qui a dû joindre Ceylan à l’Inde, et dont une chaîne d’îles, d’îlots et de rochers contigus semble être le reste. Les Hindous… appellent ces récifs Pont de Râma, dénomination à laquelle les Arabes ont substitué celle de Pont d’Adam… Ces bancs de sable, connus sous le nom de Pont de Râma, dit ailleurs Masse-Brun, joignent presque l’île de Ceylan au continent de l’Inde. » (Géographie universelle, 1841, t. Ve, p. 300 et 314.)