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et sur l’expression desquels se levait l’expression de ses qualités : « Je suis le frère puîné de Râvana et je fus outragé par lui. J’ai quitté Lankâ, mes richesses, mes amis, et je viens me réfugier vers ta majesté, secourable pour toutes les créatures. C’est à toi que je devrai tout, ma vie, mes richesses et l’empire même. Je ferai une alliance avec toi, héros à la grande sagesse, et je conduirai tes armées à la mort des Rakshasas et à la conquête de Lankâ. »

Ces paroles dites au fils du roi des hommes, le Démon dans la race d’un saint[1] n’ajouta point un seul mot et contempla silencieusement le magnanime Râma.

À ces mots, Râma le héros d’embrasser Vibhîshana : « Mon ami, va chercher, dit-il à son frère, un peu d’eau à la mer et sacre au milieu des principaux singes à l’instant même ce Vibhîshana, par ma grâce, monarque des Rakshasas et roi de Lankâ ; car, fils de Soumîtrâ, il a gagné ma faveur. » Il dit, et, sur l’ordre que lui donnait son frère, Lakshmana de sacrer Vibhîshana dans sa dignité au milieu des chefs quadrumanes. À la vue de la bienveillance que Râma témoignait au pieux Démon, tous les singes à l’instant d’applaudir avec de grandes clameurs : « Bien ! bien ! » s’écrièrent-ils.

Ensuite, Hanoûmat et Sougrîva dirent à Vibhîshana : « Comment traverserons-nous cette mer, inébranlable asile des monstres marins ? Indique-nous un moyen, mon ami, de franchir sains et saufs avec une armée cet empire de Varouna, souverain des rivières et des fleuves. »

À ces paroles, Vibhîshana, le devoir en personne, de répondre : « Un monarque, issu de Sagara, n’a-t-il pas

  1. Le rishi Poulastya.