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les singes, leur dit en criant d’une voix forte : « Je suis venu, sachez-le, singes, pour voir le noble Râma. Il est un Rakshasa puissant, nommé Râvana ; c’est le souverain des Rakshasas. C’est par lui que Sîtâ fut emportée du Djanasthâna, après qu’il eut tué Djatâyou. Je suis le frère puîné de ce monarque, et Vibhîshana est mon nom. Je tentai d’ouvrir ses yeux par différents et sages discours : « Allons ! que Sîtâ, lui ai-je dit mainte et mainte fois, que Sîtâ soit rendue à Râma ! » Mais Râvana, que la mort pousse en avant, ne voulut point agréer les bonnes paroles que je lui fis entendre : tel un malade qui veut mourir se refuse au médicament.

« Accablé d’invectives, outragé par lui comme un esclave, je viens, abandonnant mes amis et mon épouse, me réfugier sous la protection de Râma. Je n’ai, certes, besoin ni des plaisirs, ni d’une autre opulence, ni de la vie : puisse mon abandon même de tous ces biens m’obtenir la faveur du prince fils de Raghou !

« Annoncez promptement au magnanime Râma, le protecteur de toutes les créatures, que je suis venu solliciter sa protection. »

Sougrîva s’en fut aussitôt trouver les deux Ikshwâkides : « Le frère puîné de Râvana, dit le monarque des singes, le héros Vibhîshana, comme on l’appelle, vient, accompagné de quatre ministres, se mettre sous ta protection. C’est Râvana lui-même, ce me semble, qui nous envoie ce Vibhîshana : la prudence veut qu’on s’assure de lui ; c’est là mon avis, ô le meilleur des hommes patients. Il vient avec une pensée tortueuse, méchante, infernale, épier l’heure où tu seras sans défiance pour te frapper : homme sans péché, méfie-toi ! c’est un ennemi caché ! Mettons à mort dans un cruel supplice, avec ses