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voir que tout ce qu’il y a de sottise, de pauvreté, d’idiotisme, d’aveuglement et d’inintelligence au monde est ramassé tout entier dans toi-même. Oui ! c’est comme si la sauterelle en se jouant allait follement sauter pour sa perte au milieu du feu : serait-ce donc un signe indubitable d’héroïsme ?

« Ce peuple, sans doute, ne savait pas quelle différence existe d’égarer à bien conduire, puisqu’il a reçu des cieux le sage Vibhîshana, de qui l’esprit est si dégagé des sens ! Si les ennemis sont des héros dans la guerre et si nous sommes, nous, des lâches dans les combats, que n’allons-nous, par couardise et cédant à la force, demander grâce à l’ennemi !

« Voilà ce qui est toujours à l’heure du combat la nature éternelle des gens peureux, étroits de cœur, à l’âme basse, tels enfin que toi-même !

« Les hommes sans courage et sans vigueur ne brillent point à pourfendre les ennemis : leur âme est poltronne, de même nature et telle que la tienne !

« Si Râma, dépouillant son orgueil, venait me demander grâce ! … Est-il une chose faisable aux yeux des gens de bien, qu’ils ne soient disposés à faire si on vient les supplier ? Nous devons étouffer notre haine à l’égard de notre ennemi surtout : c’est un devoir à vos excellences de pratiquer la compassion de toute votre âme envers l’homme qui demande votre assistance. Ne pas le faire, c’est unir le poison avec le sang, d’où résulte que le mélange ira bientôt allumer la guerre entre les deux substances.

« Moi, fussé-je même seul dans ce combat, je suis capable de consumer par ma vigueur sur le champ de