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et dire : C’est le devoir. Les actions que l’on raconte de Râma ont laissé des vestiges répandus çà et là : eh bien ! où voit-on nulle part, dans un de ces vestiges, Râma s’écarter du devoir ? Quand Râma sortit de sa demeure un arc dans sa main, quand il décocha même sa flèche contre un kshatrya, a-t-il en cela violé son devoir ?

« Suis donc mon avis ! et que le vertueux Râma, s’il vient auprès de ta grandeur toute-puissante, reçoive de toi son épouse ! Et quel homme, sire, n’eût-il aucune vertu, fût-il d’un rang vulgaire, se présenterait ici, devant ta majesté, remplie de belles qualités, et n’obtiendrait pas d’elle une gracieuse faveur ? Si tu veux faire une chose digne de toi-même ou si tu veux observer le devoir, cette noble Sîtâ mérite, ô mon roi, que ta bienveillance lui rende sa liberté. »

À peine le vigoureux monarque eut-il ouï le discours de son frère, que soudain la fureur colora son visage, comme le soleil parvenu à son couchant. Tous les ministres, à qui le caractère du monarque était bien connu, sentirent naître la crainte au fond du cœur, en voyant cette fureur violente de l’irascible souverain.

Ensuite, après qu’il a frotté vivement de colère une main dans la paume de l’autre main, Râvana jette à Vibhîshana ces paroles dictées par un amer dépit : « Ce que ta grandeur a dit porte entièrement le sceau d’une pensée funeste pour moi : c’est un langage paré de qualités favorables à mes ennemis et qui n’est coupé nullement sur ma taille. Tu n’as point observé ici les égards que les hommes attentifs et bien nés se doivent mutuellement : il faut mettre le plus grand soin à respecter ces convenances, qui ne sont pas dépourvues de raison.

« En venant ici devant le maître de la terre, tu fais bien