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ils se prosternent, le prince héréditaire à leur tête, aux pieds de Sougrîva, et commencent à raconter les nouvelles qu’ils apportent de Sîtâ.

Le Mâroutide éloquent, Hanoûmat exposa de quelle manière il était parvenu à voir l’auguste princesse :

« Captive dans le gynæcée de Râvana et sous la garde vigilante des Rakshasîs, la reine Sîtâ, digne de tout plaisir, est toujours ensevelie dans une profonde douleur. Infortunée, elle porte ses cheveux noués dans une seule tresse[1] ; elle n’a de pensée que pour toi, son âme est tout absorbée en toi ; et, les membres sans couleur, comme un lac de lotus à l’arrivée des neiges, elle n’a pour couche que la terre. L’âme détournée avec horreur de Râvana, elle est résolue de mourir. Telle Sîtâ parut à mes yeux mêmes, rejeton de Kakoutstha, quand j’eus trouvé un moyen pour m’approcher d’elle. »

Quand Hanoûmat eut donné à Râma la perle d’une beauté céleste et brillante d’une splendeur native, il ajouta, les mains réunies en coupe à ses tempes : « Saisissant une occasion que lui offraient ses Rakshasîs, la charmante Sîtâ me dit ensuite, les yeux noyés dans les pleurs du chagrin :

« Ne manque pas de conter entièrement à Râma, le plus élevé des hommes, ce héros, dont le courage est une vérité, ce que tes yeux ont vu et ce que tes oreilles ont entendu ici de ces affreuses Démones : répète-lui, et ces invectives que leur maître a vomies contre moi, et ce langage que m’a tenu, et cette épouvantable menace que m’a faite Râvana lui-même. Je n’ai plus que deux mois à

  1. Signe de deuil, où l’on reconnaît une femme, de qui l’époux est mort ou absent.