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Poulastide assis dans sa résolution ce langage d’une extrême justesse : « Il n’est pas digne de toi, héros, d’envoyer ce singe à la mort : en effet, le devoir s’y oppose ; c’est un acte blâmé dans cette vie et dans l’autre monde. Ce quadrumane est un grand ennemi, nul doute en cela ; son crime est odieux, il est infini ; mais, disent les sages, on doit respecter la vie des ambassadeurs. Il est plusieurs autres peines desquelles on peut user envers eux. Il est permis de les mutiler dans les membres, de faire tomber le fouet sur leurs épaules, de raser leurs cheveux, d’arracher même leurs insignes : le hérault de qui les paroles sont blessantes mérite de telles punitions ; mais on ne voit pas que la mort de l’envoyé soit portée au nombre des châtiments.

« Ô toi qui réjouis l’âme des Naîrritas, le héros né de Raghou ne peut lutter sur un champ de bataille avec toi, si plein de génie, de persévérance, de courage, si difficile à vaincre aux Asouras, et, qui plus est, aux Dieux. Il est même à toi des guerriers nombreux, attentifs, intelligents, bons soldats, héros même, les meilleurs de ceux qui manient les armes et nés dans les familles les mieux douées en grandes qualités. Tu combattras, sire, accompagné de leurs bataillons rassemblés contre ces deux fils de roi : que le singe aille donc libre vers eux, et fais promptement défier au combat ces deux hommes qui me semblent déjà morts ! »

Quand il eut ouï ce discours, le monarque puissant répondit à son frère en ces mots conformes aux circonstances du temps et du lieu : « Ta grandeur vient de parler avec justesse : on est blâmé pour donner la mort à des ambassadeurs ; nécessairement, il faut infliger à celui-ci une peine autre que la mort. Les singes tiennent