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l’envoyé de Çakra, ni celui d’Yama, ni le messager de Varouna. Aucune alliance ne m’unit, soit au Dieu qui donne les richesses, soit à Vishnou : aucun d’eux ne m’a donc envoyé. Cette forme est la mienne, et c’est comme singe que je viens ici. Il ne m’était pas facile d’obtenir cette vue du monarque des Rakshasas ; et, si j’ai détruit son bocage, c’est afin d’être amené en sa présence.

« Il est impossible qu’une arme fée m’enchaîne avec ses liens, quelque longs même qu’ils soient, car jadis le père des créatures m’accorda cette faveur éminente. Mais, comme j’avais envie de voir ici le roi, j’ai permis à cette arme de m’attacher : « Qu’importe ! ce fut là ma pensée ; puisque j’ai le pouvoir de m’en délivrer ! » Et j’ai subi même ces liens vils, non assurément par faiblesse, roi, mais, sache-le, pour atteindre au but de mon désir. Je suis venu dans ces lieux comme le messager du plus grand des Raghouides à la force sans mesure : écoute donc, sire, les paroles convenables, que je vais t’adresser ici en cette qualité. »

Le prince courageux des singes regarda le Démon à la grande âme et lui tint sans trouble ce langage plein de sens : « Je suis venu dans ton palais suivant les ordres de Sougrîva. L’Indra des singes, ton frère, Indra des Rakshasas, te souhaite une bonne santé. Écoute les instructions que m’a données le magnanime Sougrîva, ton frère ; paroles où le juste se marie à l’utile, paroles séantes, convenables ici et partout ailleurs.

« Il fut un potentat, nommé Daçaratha, le roi des coursiers, des éléphants et des hommes : il était comme le père du monde entier ; il égalait en splendeur le monarque des Immortels. Son fils aîné, prince charmant, aux longs bras et de qui la vue inspirait la joie, sortit de la