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Quand elle eut ainsi donné fin à ces candides et justes paroles, Sîtâ, levant son visage pareil à l’astre des nuits, regarda une seconde fois dans le çinçapâ fait d’or. Cette noble dame vit, assis au milieu des branches avec sa taille d’un empan, le singe au langage aimable, tenant les deux mains réunies en coupe à ses tempes. À sa vue, la chaste Sîtâ, le cœur affligé, poussant un long soupir, adressa une seconde fois la parole au singe, qui se tenait là dans cette respectueuse attitude :

« Raconte à mon époux ces deux faits de notre vie intime, ce qui sera pour toi le meilleur des signes devant lui : « Au pied du mont Tchitrakoûta, rempli confusément d’arbres et de lianes, dans les massifs des bocages, embaumés par les senteurs de fleurs variées, au temps que j’habitais avec toi un ermitage de pénitents, non loin du fleuve Mandâkinî et dans un lieu vanté des saints anachorètes, un jour, que j’avais recueilli au milieu des bois les racines et les fruits, je m’assis, humide du bain, sur ta cuisse, où tu m’avais attirée. Alors tu pris en jouant de l’arsenic rouge et tu me fis sur le front un tilaka, qui, dans un embrassement, fut imprimé sur ta poitrine.

« Une autre fois, que j’avais étalé des viandes de cerf devant la porte de l’ermitage, une corneille voulut en dérober ; mais je l’en empêchai, lui jetant des mottes de terre. La corneille s’irritant vient alors me frapper de tous côtés : en colère, à mon tour, je lève ma robe, comme un bouclier, contre les assauts du volatile. L’oiseau enlève de force, il mange la chair, que j’avais semée en l’honneur de tous les êtres ; et toi, Râma, tu n’eus aucun souci que j’eusse perdu ma robe dans cette lutte. Furieuse, moquée de toi, fuyant çà et là, j’étais vaincue de tous côtés par la vigueur de l’oiseau, avide de nourriture.