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rivé que j’ai touché malgré moi le corps de Râvana, est-ce un motif pour que je fasse librement la même chose à présent ? »

À ce langage, le singe Mâroutide, aux louables qualités, répondit à Sîtâ : « Ce que tu dis, reine à l’aspect charmant, est d’une forme convenable ; ce discours est assorti au caractère d’une femme qui siège au rang des plus vertueuses ; il est digne enfin de tes vœux.

« Tous ces détails, reine, et ce que tu as fait, et ce que tu as dit en face de moi, tout sera conté, sans que rien soit omis, au rejeton de Kakoutstha.

« Si tu ne peux venir avec moi par la voie des airs, donne-moi un signe que Râma sache reconnaître. »

À ces paroles d’Hanoûmat, la jeune Sîtâ, semblable à une fille des Dieux, lui répondit ces mots d’une voix que ses larmes rendaient balbutiante : « Dis au roi des hommes : « Sîtâ la Djanakide, vouée au soin de conserver ta faveur, est couchée, en proie à la douleur, au pied d’un açoka et dort sur la terre nue. Les membres pantelants de chagrin, aspirant de tout son cœur à ta vue, Sîtâ est plongée dans un océan de tristesse ; daigne l’en retirer. Maître de la terre, tu es plein de vigueur, tu as des flèches, tu as des armes ; et Râvana qui mérite le trépas vit encore ! Que ne te réveilles-tu ?

« Un héros, toi ! ceux qui le disent ne parlent pas avec justesse : en effet, quiconque a souillé l’épouse d’un héros ne peut garder la vie. Le héros défend son épouse et l’épouse sert le héros ! Mais toi, héros, tu ne me défends pas : quel signe est-ce d’héroïsme ? »

« Tu lui diras ces choses et d’autres encore de manière à toucher son cœur de compassion pour moi, car le feu ne brûle pas une forêt, s’il n'est agité par le vent. »