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leur : accomplissons maintenant ce qu’il est à propos de faire »

Les yeux troublés de larmes, Târâ et les autres dames singes, parentes du mort, suivent, poussant des cris, le cercueil du roi des simiens.

Au bruit des pleurs et des sanglots que ces femmes quadrumanes versaient au milieu du bois, on eût dit que les forêts et les montagnes pleuraient elles-mêmes de tous les côtés.

Les amis en bien grand nombre de Bâli construisent un bûcher dans une île solitaire, que la rivière, descendue de la montagne, environnait de ses ondes ; et, l’ouvrage terminé, les principaux des singes, qui portaient la bière sur leurs épaules, s’approchent, déposent le cercueil et se tiennent à l’écart, l’âme plongée dans le recueillement.

Ensuite Târâ, à la vue de son époux couché dans ce lit d’une bière, leva dans son sein la tête de son époux et gémit ces mots dans une profonde affliction : « Ô toi, à qui tes fils étaient si chers, tu n’aimes donc plus celui-ci, qui se nomme Angada ? Pourquoi le regardes-tu avec cet air stupéfait, lui, ton enfant, accablé sous le poids du chagrin ?

« Ton visage semble encore me sourire au sein même de la mort : je le vois, tel que si tu étais vivant, pareil au jeune soleil du matin ! »

Alors, aidé par Sougrîva, Angada, pleurant et redoublant ses cris, fit monter sur le bûcher ce corps de son père. Il appliqua le feu à la pile de bois, conformément aux rubriques, et, tous les sens troublés, il décrivit un pradakshina autour de son père, qui s’en allait pour un long voyage. Enfin, quand les singes ont honoré Bâli sui-