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Sougrîva et lui arracher son arrogance, mais je ne veux pas lui ôter la vie.

« Va-t’en ! Je reviendrai, je t’en fais le serment sur ma vie et ma prochaine victoire ; oui ! je reviendrai, moi qui te parle, aussitôt que j’aurai vaincu mon frère dans ce combat. »

Târâ embrasse alors Bâli, de qui la vue était bien chère à ses yeux ; toute en pleurs et tremblante, elle décrit à pas lents un pradakshina autour de son époux. Après qu’elle eut, suivant les rites, invoqué le succès pour l’expédition du singe auquel son cœur désirait la victoire, cette reine à la taille charmante de rentrer suivie des femmes dans son gynæcée ; et, quand Târâ eut regagné avec elles ses appartements, Bâli sortit, poussant une respiration aiguë, comme les sifflements d’un boa.

Quand le vigoureux quadrumane vit, tout fier de l’appui qu’il trouvait en Râma, son rival impatient lui-même de combattre, déjà posté en attitude de bataille et la cuirasse bien attachée sur la poitrine, il raffermit solidement la sienne avant de se risquer dans cette périlleuse aventure ; et, délirant de fureur, les yeux tout rouges de colère, il jeta ces mots à Sougrîva :

« Scélérat insensé, quelle hâte, Sougrîva, te fait courir une seconde fois à la mort ? Vois mon poing fermé, que je lève pour la mort et qui, déchargé sur ton front, va briser ta vie ! » À ces mots, il frappa du poing son rival en pleine poitrine.

Néanmoins, Sougrîva sans crainte arrache aidé de sa vigueur et lève un grand arbre, qu’il abat sur le sein de Bâli, comme la foudre tombe sur une haute montagne. La chute de cette masse étourdit un moment son en-