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Quand Sougrîva eut sauté de sommet en sommet, rapide comme le vent ou les ailes de Garouda, il s’arrêta enfin sur la crête septentrionale du Malaya, où ses hommes des bois vinrent se rallier à lui sur les pics inaccessibles de cette grande montagne ; et leur marche effrayait alors chats-pards, antilopes et tigres. Réfugiés sur la haute montagne, les conseillers de Sougrîva s’approchent du roi des singes et se tiennent devant lui, joignant leurs paumes en coupe à la hauteur du front. Ensuite, le sage Hanoûmat tient ce langage plein de sens au monarque tout ému, en défiance contre une scélératesse de Bâli : « Pourquoi, l’esprit troublé, cours-tu ainsi, roi des singes ? Je ne vois point ici ton cruel frère aîné, cet artisan de crimes, le farouche Bâli, qui t’inspire une continuelle inquiétude. »

À ces paroles du singe Hanoûmat, Sougrîva lui répondit alors en ces paroles d’une grande beauté : « Au cœur de qui n’entrerait pas la crainte, à la vue de ces deux archers aux grands yeux, aux longs bras, au courage héroïque, à la vigueur immense ? C’est Bâli, je le crains, Bâli même, qui expédie vers nous ces deux hommes formidables. Les rois ont beaucoup d’amis : ils aiment à frapper leurs ennemis ; un être de condition vulgaire ne peut bien les connaître : mais toi, singe, quoique tu ne sois pas un roi, tu peux néanmoins pénétrer le secret de ces deux hommes à leur marche, à leurs gestes, à leur mine, à leurs discours, à certaine altération même dans leurs voix. Observe attentivement si leur âme est ou bonne ou méchante, en gagnant leur confiance, en les comblant d’éloges, en redoublant pour eux de gestes affectueux. Demande, noble singe, à ces deux hommes, doués pleinement de beauté, quelle chose ils désirent ici. »