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grins, dit ces mots au fils de Soumitrâ : « Cet oiseau, qui parcourut de si nombreuses années la forêt Dandaka et qui demeurait tranquillement ici dans le séjour des Rakshasas ; lui, de qui, plusieurs fois centenaire, la vie atteignit une si longue durée, le voici maintenant qui gît mortellement frappé ; car il est impossible d’échapper à la mort !

« Ce roi des oiseaux mérite de ma reconnaissance le même culte et les mêmes honneurs que Daçaratha, le fortuné monarque d’illustre mémoire. Apporte du bois, Lakshmana ; j’en vais extraire le feu ; je veux rendre les devoirs funèbres à cet Indra des oiseaux, qui reçut la mort à cause de moi. » À ces mots, Râma, le devoir incarné, mit Djatâyou sur la pile de bois allumé et réduisit en cendres le roi des vautours : puis il se plongea dans l’onde avec le fils de Soumitrâ, et les deux frères à l’instant de célébrer la cérémonie de l’eau funéraire à l’intention de l’oiseau mort. Ensuite, le héros illustre abattit un cerf ; il coupa ses chairs en morceaux et les abandonna aux oiseaux, dans un lieu de la forêt tapissé de frais gazons. Enfin il prononça lui-même sur le volatile défunt, pour son entrée dans le Paradis, ces mêmes prières que les brahmes ont coutume de réciter sur un homme trépassé. Cela fait, les deux fils du plus noble des hommes descendent à la rivière Godâvarî, et présentent de nouveau l’onde funèbre aux mânes du roi des vautours. Honoré de ces pieuses obsèques par ce royal anachorète, semblable à un grand rishi, l’âme du monarque emplumé qui avait affronté une entreprise si glorieuse, mais si difficile, et reçu la mort en combattant, parvint à la voie sainte, suprême et fortunée.