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cette réponse au noble enfant de Raghou : « Ce n’est pas de moi-même, par un acte de mon plein gré, que je suis venu, abandonnant Sîtâ. Elle m’en a donné l’ordre elle-même, et là-dessus je suis parti. En effet, ces mots : « Lakshmana, sauve-moi ! » ce cri, que le noble Démon avait jeté au loin à travers une vaste expansion, est tombé dans l’oreille de la Mithilienne. À ce cri de détresse, elle, inquiète dans sa tendresse pour son époux : « Va ! cours ! » m’a-t-elle dit, baignée de larmes et palpitante de terreur. Quand elle m’eut plusieurs fois répété cet ordre : « Pars ! » alors moi, qui désirais faire ce que tu avais pour agréable, je dis à ta Mithilienne : « Je ne vois personne qui puisse mettre, Sîtâ, ton époux en danger.

« Rassure-toi ! cette parole, à mon avis, est un prestige ce non une réalité. Comment lui, ce noble prince, qui serait le sauveur des treize Dieux mêmes, aurait-il pu dire cette lâche et méprisable parole : « Sauve-moi ! » Pour quelle raison et par quelle bouche, imitant la voix de mon frère, furent jetés ces mots étranglés : « Sauve-moi, fils de Soumitrâ ? » C’est là précisément ce dont je me défie ! Loin de toi ce trouble, où je te vois tombée ! Sois tranquille ! N’aie point d’inquiétude ! Il n’existe pas dans les trois mondes un homme qui puisse vaincre ton époux dans un combat : oui ! il est impossible à nul être, soit né, soit à naître, de gagner sur lui une bataille ! »

« À ces mots, ta Vidéhaine m’adressa, versant des larmes et d’une âme égarée, ces mordantes paroles : « Ton cœur est placé en moi : tu es d’une nature infiniment dépravée ; mais, si mon époux reçoit la mort, ne te flatte pas encore, Lakshmana, de posséder sa femme ! » — Ainsi invectivé par la Vidéhaine, je suis sorti indigné