Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ghouide inquiet rencontra Lakshmana accourant à sa rencontre avec une splendeur éteinte. À ce héros triste, abattu, consterné, le visage altéré, Râma encore plus consterné lui-même de jeter ces mots avec tristesse et plein d’abattement. « Hâ, Lakshmana ! que tu as fait une chose blâmable de venir ici, abandonnant Sîtâ dans cette forêt déserte, infestée par les Rakshasas ! Je ne puis en douter maintenant d’aucune manière : la fille du roi Djanaka est égorgée ou même dévorée par les Démons, qui habitent dans ces bois. Car de sinistres augures se montrent à nos yeux en plus grand nombre. Puissions-nous retrouver saine et sauve notre chère Vidéhaine ! En effet, cet animal, qui m’avait séduit avec ses apparences de gazelle, m’attira loin par des allèchements donnés à mon espérance ; mais, frappé enfin d’une flèche après une grande fatigue, il abandonna ses formes de gazelle et ne montra plus en lui qu’un Rakshasa ! »

Après qu’il eut fouillé toute sa retraite, le Raghouide, pénétré de la plus vive douleur, interrogea le fils de Soumitrâ au milieu de son ermitage : « Quand je t’avais donné, plein de confiance en toi, la belle Mithilienne à titre de dépôt dans cette forêt déserte, infestée par les Rakshasas, comment s’est-il fait que tu l’aies abandonnée pour venir me trouver ? Ton arrivée inattendue vers moi, après ce délaissement de Sîtâ, a troublé véritablement toute mon âme en y jetant soudain le soupçon d’un horrible forfait. À peine t’eus-je aperçu de loin marchant au milieu des bois sans être accompagné de Sîtâ, que je sentis battre mon cœur, Lakshmana, trembler mon œil et mon bras gauches. »

À ces mots, le Soumitride aux signes heureux, Lakshmana, tout plongé dans la douleur et le chagrin, fit