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curieux de leurs yeux bistrés, virent alors cette dame aux grands yeux, qui invectivait Râvana.


Parvenu dans sa grande cité aux larges rues bien distribuées, il déposa enfin sa victime, comme Mâya l’Asoura déposa jadis la Déesse Mâyâ. Le monarque aux dix têtes appela des Rakshasîs à l’aspect épouvantable et leur intima ses volontés pour la surveillance de sa captive : « Consacrez, dit-il à ces furies, qui toutes, debout et réunies devant lui, tenaient leurs deux paumes rassemblées en coupe à la hauteur du front ; consacrez sans négligence toute votre attention à faire que personne en ces lieux, ni homme ni femme, ne parle à cette Vidéhaine sans ma permission. Donnez-lui tout ce qu’elle désire en parfums, fourrures, habillements, or, pierreries ou perles ; je l’accorde… Ne l’oubliez pas ! elle n’attache aucun prix à sa vie, celle qui dira jamais, sciemment ou même à son insu, une parole qui soit désagréable à ma Vidéhaine ! »


Quand le Démon eut fait entrer sa captive dans Lankâ, Brahma joyeux tint ce langage à Çatakratou : « C’est pour le bien des trois mondes et pour le mal des Rakshasas, dit le père des créatures au roi des Immortels, que Râvana, l’âme cruelle, a conduit Sîtâ dans sa ville.

« Cette dame de la plus haute noblesse, fidèle à son époux et qui a toujours vécu dans les plaisirs, ne voyant plus son mari et consumée de chagrins, parce qu’elle en est séparée, n’ayant plus maintenant sous les yeux que des Rakshasas et harcelée sans cesse par les menaces de