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une grâce destinée à payer des services que jadis elle avait rendus au vieux monarque.

« Je ne dormirai, je ne boirai, je ne mangerai pas, disait-elle, que je ne l’aie obtenue : si Râma est sacré, ce sera la fin de ma vie ! Donne sa vérité à la grâce que tu m’as jadis accordée, seigneur, dans la guerre des Asouras contre les Dieux. Que cette même cérémonie soit destinée à sacrer mon fils Bharata ; que Râma s’en aille aujourd’hui même dans l’horrible forêt, et qu’il y reste quatorze années ermite, vêtu avec une peau d’antilope noire et un habit d’écorce ! Que le fils de Kâauçalyâ parte donc à l’instant pour les bois, et que l’on sacre Bharata !

« À ces mots de Kêkéyî, le monarque au grand char, mon beau-père, la conjura avec des paroles conformes au devoir ; mais elle ne voulut pas écouter ses prières. Mon époux est un homme plein d’héroïsme, pur, vertueux, sincère dans son langage, et qui, trouvant son bonheur dans celui de toutes les créatures, mérite ce nom de Râma, célèbre dans l’univers. Le monarque à la grande vigueur, Daçaratha, son père, ne voulut pas le sacrer de lui-même pour faire une chose agréable à Kêkéyî.

« Quand mon époux vint trouver son père à l’heure du sacre, Kêkéyî dit à Râma, inébranlable dans ses résolutions : « Écoute, prince de Raghou, ce qui m’a été promis par ton père : « Je donne à Bharata, sans que personne y puisse rien prétendre, m’a-t-il dit, le trône de mes ancêtres. Il est donc nécessaire, fils de Kakoutstha, que tu ailles habiter la forêt neuf ans auxquels seront ajoutées cinq années : ainsi, pars et sauve du mensonge la parole de ton père. »

« Mon époux, ferme en ce qu’il a promis, obéit à sa voix et lui répondit : « Je le ferai !  » en présence de son