Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/299

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la gazelle ? Réfléchis bien à cela. Cet animal aux cornes de perle et de corail, lui, dont les yeux sont des pierres précieuses, n’est pas une vraie gazelle : c’est, à mon sentiment, une gazelle créée par la magie : c’est un Rakshasa, caché sous une forme de gazelle. »

À ces paroles du Kakoutsthide, Sîtâ, pleine de joie et l’âme fascinée par cette métamorphose enchanteresse, interrompit Lakshmana et dit avec son candide sourire : « Mon noble époux, elle me ravit le cœur ! amène ici, guerrier aux longs bras, cette gazelle charmante ; elle servira ici pour notre amusement. Ici, dans notre lieu d’ermitage, circulent mêlés ensemble de nombreuses gazelles, jolies à voir, des vaches grognantes et des singes cynocéphales. Mais je n’ai jamais vu, Râma, une bête, qui fût semblable à cet animal, ni rien qui fût, pour la douceur, la vivacité et la splendeur, comparable à celui-ci, le plus admirable des quadrupèdes.

« Si elle se laisse prendre vivante par tes mains, cette jolie bête, elle fera naître ici l’admiration de ta grandeur à chaque instant, comme un être merveilleux. Et, quand, un jour, le temps de notre exil dans les bois révolu, nous aurons été rétablis sur le trône, elle servira encore, cette gazelle, d’ornement au sein même du gynæcée. Mais, s’il arrive que ce quadrupède, le plus merveilleux des animaux à quatre pieds, ne se laisse pas saisir tout vivant, sa peau du moins nous prêtera un brillant tapis. J’ai bien envie de m’asseoir dans mon humble siége d’herbes sur la peau, telle que l’or, de cet animal, abattu sous ta flèche. »

Elle dit ; et le beau Râma, à l’ouïe de ces paroles et à la vue de cette gazelle merveilleuse, adresse, fasciné lui-même, ces mots à Lakshmana : « Si la gazelle que je