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« Tu n’aimes pas, Démon aux dix visages, parce qu’il met un obstacle devant ton projet, tu n’aimes pas ce langage, que m’inspire l’amour de ton bien ; car les hommes, que la mort a déjà rendus semblables aux âmes des trépassés, ne sont plus capables de recevoir les présents qui viennent de leurs amis.

« Tue-moi ! ce sera un mal pour moi seul, mais un bien pour toi, si ma mort peut rompre entièrement ce funeste dessein. Quand tu m’auras tué d’un coup malheureux, va-t’en vers tes Rakshasas et retourne dans ton palais, sans que tu aies aventuré ton pied dans une faute à l’égard de Râma. Je t’ai déjà parlé plus d’une fois, mais, trop ami des combats, tu ne reçois pas encore mes paroles : que dois-je faire ?… Hélas ! je ferai, âme insensée que je suis, je ferai ce que tu veux !

« Pour sûr, la mort est déjà près de toi, monarque des Rakshasas !… Mais un roi n’a des yeux que pour voir seulement la chose qu’il désire ; possible ou non ! »

Quand le Démon Râvana entendit Mârîtcha dire : « Je ferai ce que tu veux, » il se mit à rire et lui tint joyeux ce langage : « Eût-il une force égale à celle d’Indra même, que pourra-t-il faire ce Kakoutsthide, qui a perdu son royaume, qui a perdu ses richesses, que ses amis ont abandonné et qui est relégué dans une forêt ?

« Comment ta grandeur peut-elle craindre au moment où je lui signifie mes ordres, moi qui ai vaincu et réduit les trois mondes sous ma puissance ?

« Tu es habile dans l’art des prestiges, tu es plein de force et d’intelligence, ta forme empruntée de gazelle est taillée pour la course : quand tu auras fasciné la Vidéhaine, sois prompt à disparaître. Mes ordres accomplis et les deux Raghouides égarés dans les bois, reviens aussi-