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qu’ils habitent ; égare-les au milieu de la forêt, et tu fuiras ensuite d’un pied rapide. Une fois passé au rivage ultérieur de la mer immense et sans limite, que pourront te faire tous les efforts du Kakoutsthide réunis à ceux de Lakshmana.

« Quand tu as vu Indra avec son armée, Yama et le Dieu qui préside aux richesses, céder la victoire à mon bras, comment Râma peut-il encore t’inspirer de l’inquiétude ?

« De sa part, ta vie est incertaine, si tu parais devant lui ; mais, de la mienne, ta mort est sûre, si tu empêches mon dessein : ainsi pèse comme il faut ces deux lots dans ta pensée, et fais ensuite ce qui est convenable ou ce qui te plaît davantage. »

Traité par le monarque des Rakshasas avec un tel mépris, Mârîtcha, le Démon noctivague lui répondit à l’encontre ces paroles amères : « Quel artisan de méchancetés, Génie des nuits, t’a donc enseigné cette voie de perdition, où tu vas entraîner dans ta ruine, et la ville, et ton royaume, et tes ministres ? Qui voit avec peine, qui voit avec chagrin ta félicité ? Par qui cette porte ouverte de la mort te fut-elle indiquée ? Ce sont de noctivagues Démons sans courage, tes ennemis, bien certainement, et qui désirent te voir périr dans l’étreinte d’un rival plus fort que toi !

« Quoi ! on ne livre pas tes conseillers à la mort qu’ils méritent, eux, à qui les Çâstras commandent, Râvana, de t’arrêter sur le penchant du précipice, où te voilà monté pour y tomber.

« Tu mets plus de légèreté que la corneille à chercher une guerre avec Râma : quelle gloire sera-ce donc pour toi d’y périr avec ton armée ?