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Alors, pleins de colère, ces Démons noctivagues firent tomber sur l’invincible aux formidables exploits une pluie de projectiles, variés dans les formes.

Il en reçut toutes les flèches d’un air impassible, comme l’Océan reçoit les tributs des fleuves. Le corps percé de ces dards cruels, Râma en fut aussi peu troublé qu’un grand mont n’est ému sous les coups nombreux de la foudre enflammée.

Dans le combat, il envoyait en masse aux Démons ses dards ornés d’or, indomptables, irrésistibles et pareils au lasso même de la mort. Ces traits, volant avec leurs ailes de héron à travers les phalanges des ennemis, ôtaient la vie aux Démons d’une manière aussi prompte que les malédictions des plus saints pénitents.

Il était de ces flèches, qui partaient de l’arc sans être unies entre elles par aucun lien et qui s’enfonçaient dans le sol de la terre, après qu’elles avaient traversé les effroyables Rakshasas. Ailleurs, tranchées par les dards en forme de croissant, les têtes des ennemis tombent par milliers sur la terre, où leur bouche agite convulsivement ses lèvres pliées.

En ce moment, réfugiés sous l’abri du monarque et de son frère Doûshana, ces débris s’entassèrent autour d’eux comme un troupeau d’éléphants. Khara donc, à la vue de ses bataillons maltraités par les flèches de Râma, dit au général de ses troupes, guerrier à la vigueur épouvantable, au cœur plein de courage : « Héros, que l’on ranime la valeur de mon armée ! Que l’on tente un nouvel effort ! Je vais précipiter au séjour d’Yama cet audacieux Râma, tout fils qu’il est du roi Daçaratha ! »

Quand Doûshana eut aiguisé leur courage émoussé et rendu à l’armée sa première confiance, il se précipita