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bientôt faire de Sîtâ un festin, et tes cuisiniers t’apprêteront ses chairs tendres, fines, délicieuses. »

La cruelle entendit pleine de joie ces paroles de Khara, qui allaient à son cœur, et vanta pleine de joie son frère, assis au plus haut rang des Rakshasas : « Gloire à toi, héros, à toi, le seigneur des Rakshasas, qui as fait germer en ta pensée le désir noble et vaillant d’immoler tes ennemis dans un combat !

« Sors donc en diligence pour tuer ce méchant ! J’ai soif de boire le sang de Râma sur le front même de la bataille ! »

À peine eut-il entendu ces ravissantes paroles, dont Çoûrpanakhâ flattait son oreille : « Fais, dit-il au général de ses armées, qui s’appelait Doûshana et se trouvait à son côté ; fais rassembler quatorze mille de ces Rakshasas, héros superbes, d’une impétuosité formidable, qui obéissent à ma pensée et ne reculent jamais dans les combats ; féroces, artisans de cruautés, semblables en couleur aux sombres nuages, armés de toutes pièces et qui se font une volupté de tourmenter le monde. »

Khara, bouillant de colère, monta dans son char, pareil aux cimes de Mérou et décoré avec un or épuré, tout plein d’armes, pavoisé d’étendards, orné de cent clochettes, rayonnant de toute la diversité des pierreries, égal au ciel en splendeur, où l’orfévre habile avait sculpté des poissons, des fleurs, des arbres, des montagnes, le soleil et la lune en or, des troupes d’oiseaux et des étoiles en argent ; char attelé de vigoureux coursiers, mais doué d’un mouvement spontané, avec un timon parsemé de perles et de lapis-lazuli, où brillait en or l’astre des nuits.

Aussitôt que les Rakshasas à la force terrible virent